Viviana Agostini-Ouafi
Les traducteurs du français vers l’italien de l’IMEC: variété des fonds, stratégies d’exploration et d’étude
Solange Arber
Elmar Tophoven et la traduction transparente :
la constitution d’archives de traducteur
Le traducteur allemand Elmar Tophoven (1923-1989), qui s’est illustré par ses traductions de Samuel Beckett et du Nouveau Roman ainsi que par la création du Collège européen des traducteurs de Straelen (EÜK), a laissé à sa mort de riches archives, qui sont aujourd’hui gérées par son épouse et collaboratrice, Erika Tophoven. Au principe de la création de ces archives, il y a ce qu’il a appelé la « traduction transparente », c’est-à-dire la documentation de son propre processus de traduction par le traducteur. Utilisant d’abord des fiches cartonnées comme support, avant de passer à l’informatique, Elmar Tophoven a ainsi élaboré des milliers de notes de traduction qui, avec ses brouillons, ses tapuscrits, ses glossaires, ses conférences et beaucoup d’autres documents de nature diverse, forment un matériau immense à explorer. L’analyse génétique de ces manuscrits procède en quelque sorte à une philologie à rebours, qui nous emmène du texte d’arrivée à un hypertexte de variantes arborescentes, témoins du chemin créatif emprunté par le traducteur.
Caroline Bérenger
Jean Blot, passeur de littérature russe
Jean Blot, écrivain français et passeur de littérature russe, est une figure cosmopolite. Né en Russie en 1923 dans une famille juive, il a grandi en Angleterre et vécu en France. Il fut traducteur aux Nations Unies et à l’Unesco. Il a contribué à faire connaître le poète Ossip Mandelstam en France. Nous étudierons les étapes et l’évolution de la réception de son œuvre tout au long du XXe siècle, ainsi que les conditions de son accès aux lecteurs français.
Françoise Delignon
Les traducteurs dans les archives radio – un échantillon sonore
Un montage de sons d’archives puisés dans les fonds de l’INA (*) donnera à écouter des voix de traducteurs et de théoriciens de la traduction, et reprendra certaines thématiques en écho aux contributions faites par les participants aux rencontres.
Une courte introduction abordera certaines spécificités qu’il faut prendre en compte en travaillant sur des archives radio.
* l’Institut national de l’audiovisuel, chargé entre autres de la préservation des archives sonores de Radio France et de Radio France internationale et qui numérise actuellement les archives du Collège international de philosophie
Philippe Haensler
„Sous la forme de document écrit l’objet idéal est virtuel“
Merleau-Ponty, Derrida and the Promise of (Proto-)Digital Archiving
In 1959/60, Maurice Merleau-Ponty teaches a course at the Collège de France entitled “Husserl aux limites de la phénoménologie,” presenting his listeners/readers with an in-depth analysis of Edmund Husserl’s 1936 fragment “The Origin of Geometry.” What, in the case of Merleau-Ponty—who passes away in May 1961—, marks one of the final breaths of a philosophical career, in the case of Jacques Derrida, confronts us with one of the very first: Derrida enters the intellectual scene in 1962—(maybe not so) coincidentally, with a book dedicated to “The Origin of Geometry.”
This (non-)encounter between (late) Merleau-Ponty and (early) Derrida has not gone unnoticed; in fact, ever since the first publication of Merleau-Ponty’s course in 1998 under the direction of Renaud Barbaras (= Notes de cours sur ‘L’origine de la géométrie’ de Husserl), the shared interest of the two thinkers in Husserl’s “Geometry”-fragment has been a constant reference point—if not to say, a ‘conditio sine qua non’—of the respective strains of scholarship. However, while, by now, we have good understanding with regards to the differences/similarities between Merleau-Ponty and Derrida qua commentators of Husserl, little to no attention has been paid to their role as his translators. Attending to this blind spot, the threefold aim of my paper is (a) to trace the history of Merleau-Ponty’s/Derrida’s translational engagement (which, in both cases, is irreducibly interwoven with the history of the Husserl Archive Leuven); (b) to offer a comparative reading of select passages, supplemented by unpublished materials (BNF, Critical Theory Archive Irvine); (c) to formulate and defend the claim that, with regards to “The Origin of Geometry,” the work of the translator-philologist, far from being a kind of ‘ancilla,’ confronts us with a crucial (performative) contribution to what ‘in’ the text—text concerned with the “written, documenting linguistic expression” as the foundation of “persisting existence of […] ideal objects;” text, in other words, concerned with processes of archiving as the very ἀρχή of philosophical thought—has been at stake from its very (fragmented) beginning.
Wolfgang Hottner
Verirrung im Wald/Bergwald: George, Benjamin und Übersetzen als Intervention
In einer zentralen Passage der „Aufgabe des Übersetzers“ beschreibt Walter Benjamin die Differenz zwischen Dichtung und Übersetzung in ihren unterschiedlichen Intentionen auf die Sprache sowie anhand einer Ortsbestimmung, innerhalb oder außerhalb des „Bergwaldes der Sprache“: „Die Übersetzung aber sieht sich nicht wie die Dichtung gleichsam im inneren Bergwald der Sprache selbst, sondern außerhalb desselben, ihm gegenüber und ohne ihn zu betreten ruft sie in das Original hinein, an demjenigen einzigen Ort hinein, wo jeweils das Echo in der eigenen den Widerhall eines Werkes der fremden Sprache zu geben vermag.“ Der Vortrag möchte die Metapher des Bergwaldes in Bezug auf Stefan Georges Übersetzung von Dantes „Göttlicher Komödie“ verfolgen, ihre implizite Polemik beschreiben und dabei Benjamins eigene Theorie und Praxis des Übersetzens deutlich machen: Übersetzen ist (für Benjamin) intenventionistisch, ein für und gegen die Sprache, ein Einspruch gegen das Tradierte.
Susanne Klengel
L’UNESCO 1945 : La traduction littéraire, moteur d’une humanité solidaire
Les archives de l’UNESCO contiennent les documents d’une discussion intéressante sur un projet de traduction littéraire à grande échelle qui a été lancé peu après la fondation de l’Unesco. Ce projet est né de la conviction générale des fondateurs que la littérature fournit des connaissances interculturelles fondamentales et contribue de manière significative à l’amélioration morale et à la reconstruction culturelle du monde après les catastrophes de la seconde guerre mondiale. L’objectif translatologique est remarquable parce qu’il est profondément enraciné dans l’esprit humaniste de l’époque de l’après-guerre et extrêmement ambitieux. Implicitement, le projet postule un droit moral du citoyen du monde à un accès transculturel à la littérature et promet dans ce contexte un monde solidaire basé sur la traduction et la lecture. Mais ce grand projet utopique a échoué non seulement à cause de ses dimensions illusoires, mais aussi à cause de certaines asymétries entre „les anciens“ et „les modernes“, ou plutôt dans la perspective actuelle, entre les cultures littéraires centrales du Nord et celles périphériques au Sud global. Néanmoins, certaines des réflexions de cette époque et leurs effets ultérieurs sont intéressants pour tous ceux qui étudient l’histoire de la traduction.
Elsa Jaubert-Michel
Armel Guerne et les Hymnes à la nuit de Novalis – traduire la musique de la langue
Résumé : Armel Guerne (1911-1980) est un poète et traducteur franco-suisse à l’œuvre foisonnante. Il a notamment traduit de nombreux auteurs allemands : Novalis, Rilke, Hölderlin, les frères Grimm, Dürrenmatt, Elias Canetti, tout en poursuivant son œuvre personnelle. Sa traduction des Hymnes à la nuit, dont le fonds conservé à l’IMEC documente bien les différentes versions, est publiée une première fois chez Falaize en 1950, puis dans les Oeuvres complètes de Novalis qu’il publie en deux volumes chez Gallimard en 1975. Ces versions documentent le processus de traduction d’une prose poétique à la musicalité particulière, à laquelle Armel Guerne s’applique à rendre justice en poète et traducteur attentif et admiratif.
Judith Kasper, Theresa Mayer und Jonathan Schmidt-Dominé
Was tun mit Homophonie?
Überlegungen zu einer Übersetzung von Cassins Dictionnaire des intraduisibles
Das von Barbara Cassin 2004 herausgegebene Vocabulaire des philosophies européennes. Dictionnaire des intraduisibles bleibt in mancher Hinsicht hinter den theoretischen Formulierungen zum Problem des Unübersetzbaren, die die Herausgeberin sowohl in ihrem Vorwort als auch in weiteren Texten über das Vocabulaire formuliert hat, zurück. Cassin bezieht sich dabei vor allem auf die Dekonstruktion (Derridas Monolinguisme de l‘autre) und die Psychoanalyse (Lacans späte Schriften, vor allem L‘étourdit). Beide haben ihren spezifischen Beitrag zu einer Theorie der Übersetzung geleistet, die in Begriffsgeschichte und Übersetzungspraxis weitgehend unberücksichtigt geblieben sind, weil sie für beide eine Provokation, ja Bedrohung darstellen. Denn sie zeigen erstens, inwiefern der Prozess von Bedeutungskonstitution in Wörtern und Begriffen höchst kontingent und instabil ist; und zweitens, wie Übersetzungsakte von einer in die andere Sprache immer auch von unbewussten Übertragungsprozessen bestimmt sind.
Die Arbeitsgruppe am Institut für Allgemeine und Vergleichende Literaturwissenschaft in Frankfurt möchte an Cassins Überlegungen anschließen und fragen, was es bedeuten würde, das von ihr immer wieder ins Spiel gebrachte Axiom Lacans, „dass eine Sprache zwischen anderen ist nichts anderes als das Integral der Äquivoke, die ihre Geschichte in ihr hat fortbestehen lassen“ (Lacan) als Orientierungspunkt zu nehmen für eine Übersetzung von Beiträgen aus dem Vocabulaire ins Deutsche. Der Vortrag erörtert sowohl die Spannungen und Widersprüche von Cassins Vocabulaire als auch die theoretischen und praktischen Schwierigkeiten des Frankfurter Vorhabens.
Éric Leroy du Cardonnoy
Lorand Gaspar : traduction, multilinguisme et traduction collaborative
Résumé : Lorand Gaspar (1925-), originaire de Hongrie, maîtrisant plusieurs langues, auteur lui-même de poésie, a notamment traduit Rilke. Il s’agira à partir des fonds conservés à l’IMEC et des manuscrits de ses traductions, qui sont également une réflexion sur sa propre pratique d’écriture poétique de s’interroger sur l’importance et le rôle du multilinguisme ainsi que sur une pratique collaborative dans la traduction de certains poèmes de Rilke, menées en collaboration avec Sarah Clair et Elisabeth Wintzen.
Andreas Mayer
Transferts et traductions : pour une histoire des modèles du traduire en psychanalyse
La traduction des textes de Sigmund Freud dans d’autres langues a été l’objet de discussions critiques depuis un siècle. Au sein de ces débats, le recours à l’histoire a jusqu’à présent surtout servi à recenser les erreurs linguistiques ou terminologiques commises dans le passé ou à justifier des modèles normatifs du ‘bien traduire’. Dans cette contribution, nous nous consacrerons à la tâche de caractériser les spécificités d’un premier modèle historique de traduction tel qu’il s’organisait à partir des traductions en langue française et anglaise. Il s’agit notamment d’analyser les rapports que Freud entretenait avec ses premiers traducteurs ayant reçu un droit exclusif pour les traductions de ses œuvres aux Etats-Unis et en France. On s’attachera à montrer que les problèmes que ce premier modèle du traduire devait résoudre ne se résument pas seulement à ceux de l’intraduisible sur le plan linguistique ou terminologique. Le modèle reste marqué par des particularités de la transmission chez les premiers psychanalystes allant pair avec des positions affectives de ce qu’on peut caractériser comme l’ambivalence du traducteur.
Carla M. C. Renard
Brouillons de l’écriture et de la traduction de L’enfant multiple, d’Andrée Chedid : un face à face
Résumé : Traduire c’est aller bien au-delà de l’interprétation : c’est essayer de se mettre à la place de l’écrivain pour comprendre ses choix, son style, ce qu’il a voulu dire et comment. Imaginer le processus de création de l’écriture (de l’auteur) pour pouvoir poursuivre celui de la traduction. Inspirée d’un entretien d’Irène Fenoglio avec Andrée Chedid (Genesis, 2003) qui portait, entre autres, sur les tapuscrits et manuscrits de l’écrivaine disponibles à l’IMEC, l’étude en développement présentée dans ce colloque a pour but analyser et confronter les brouillons de certains extraits du roman L’enfant multiple, d’Andrée Chedid (Flammarion, 1989), aux extraits correspondants traduits en portugais brésilien et déjà analysés en tant qu’objets de recherche de Master 2 (Renard, 2016). Identité et altérité sont deux des concepts théoriques évalués dans la pratique, sans exclure des questions intrinsèques à la traduction de Chedid comme celles concernant le rythme de son texte et le lexique choisi de manière pointilleuse.
Caroline Sauter
Liebend und bis ins Einzelne
Übersetzen und Lieben werden in vielen theoretischen Texten zur Übersetzung, aber auch in vielen Übersetzungen theoretischer Texte enggeführt. Mein Beitrag befasst sich mit der Metaphorik der erotischen Liebe in der Übersetzungstheorie und deren Übersetzung in Theorietexte. Ich gehe dabei aus von meiner praktischen Arbeit an der Übersetzung von Jacques Derridas übersetzungstheoretischem wie -praktischem Text „Qu‘est-ce qu‘une traduction ‚relevante‘?“, die Esther von der Osten und ich derzeit gemeinsam unternehmen. Zugleich beziehe ich mich aber auch auf Walter Benjamins Übersetzeraufsatz und dessen übersetzende Kommentierung in Derridas „Tours de Babel“ (mit Seitenblicken auf dessen deutsche Übertragung/en). Darüber hinaus werden auch die englische Übersetzung von Werner Hamachers „95 Thesen“ und „Für – Die Philologie“ durch Catherine Diehl und Jason Groves, erschienen unter dem ‚Sammeltitel‘ Minima philologica (2015), sowie Hamachers übersetzende Milton-Lektüre in dem posthum erschienenen Aufsatz „Recht auf Scheidung vom Recht“ (in dem Band Sprachgerechtigkeit, 2018) einer Lektüre unterzogen, um dem intimen Verlangen (désir, desire) nachzuspüren, welches sich im Übersetzen und dessen Kommentierung jeweils metaphorisch und womöglich auch textpraktisch manifestiert. Auch in verschiedenen Texten von Hélène Cixous, die in englischer Übersetzung im Sammelband Stigmata erschienen, im französischen Original aber über ihr Werk weit verstreut sind, lassen sich ähnliche Strukturen auffinden. Der Fokus meiner Lektüren liegt jeweils darauf, wie das Übersetzen theoretisch als erotischer Vorgang dargestellt wird, wie zugleich aber auch die konkrete Übersetzung selbst von dieser Metaphorik affiziert ist.